Flexibility@Work 2021 : un marché du travail durable

Flexibility Report - Un marché du travail durable (1)

Un marché du travail efficace et durable est un marché qui fait le lien entre les opportunités et les individus qui possèdent les compétences adéquates. Au cours des 60 dernières années, les lieux de travail sont devenus plus divers et plus inclusifs à bien des égards, mais la discrimination et l’exclusion restent un obstacle à la durabilité de la main-d’œuvre. Et pourtant il est notoire que la diversité et l’inclusion aident les individus et les entreprises à réaliser davantage de choses et à aller plus loin.

La mobilité du marché du travail est pour chaque pays un vecteur essentiel de réussite à long terme, en particulier pour les pays qui sont confrontés à la double problématique du vieillissement de la population et d’une pénurie de compétences. Pour pérenniser la croissance sur les années à venir, nous devons mobiliser le talent, les idées et les ressources de beaucoup plus de personnes. Nous devons leur permettre d’accéder à un travail décent et les aider à évoluer et à prospérer au sein de l’économie mondiale.

objectifs de développement durable à horizon 2030 

  • Pas de pauvreté
  • Faim « zéro »
  • Bonne santé et bien-être
  • Education de qualité
  • Egalité entre les sexes
  • Eau propre Et assainissement
  • Énergie propre et d’un coût abordable
  • Travail décent et croissance économique
  • Industrie, innovation et infrastructures
  • Inégalités réduites
  • Villes et communautés durables
  • Consommation et production responsables
  • Lutte contre les changements climatiques
  • Vie aquatique
  • Vie terrestre
  • Paix, justice et institutions efficaces
  • Partenariats pour la réalisation des objectifs

Source : Organisation des Nations Unies

l’évolution du travail

Depuis plusieurs générations, de remarquables progrès ont été faits dans le sens de l’éradication de la pauvreté dans le monde. Entre 1990 et 2017, plus d’un milliard d’individus ont pu sortir de l’extrême pauvreté, grâce principalement à l’accès à un plus grand nombre de meilleurs emplois. L’Organisation des Nations Unies s’est fixée comme objectif de parvenir à mettre un terme à la pauvreté sous toutes ses formes à l’horizon 2030, mais cet objectif ne pourra être atteint que si nous créons des emplois décents et accessibles à tous.

Travail décent, création d’emplois, protection sociale, droits au travail et dialogue social, telles sont les composantes essentielles de l’Agenda 2030 de l’ONU pour le développement durable. Les emplois décents apportent un juste revenu, la sécurité des conditions de travail, de belles perspectives de développement personnel et la liberté pour chacun d’exprimer ses préoccupations et de participer aux décisions qui le concernent. Auparavant difficiles à réunir, ces conditions sont aujourd’hui plus répandues, car la technologie a automatisé le travail répétitif, faiblement rémunéré et physiquement éprouvant.

Le travail s’est ainsi amélioré, mais les avancées technologiques ne seront pas suffisantes, en elles-mêmes, pour permettre la création de tous les emplois décents voulus. En plus de l’innovation scientifique, la pérennisation d’un marché du travail plus équitable passe par la mise en œuvre de politiques visionnaires et progressistes. Face aux enjeux, les responsables politiques, les groupes de réflexions et les syndicats se penchent d’ailleurs de plus en plus sur la question de l’innovation sociale.

Par exemple, mieux organiser la main-d’œuvre peut rendre le marché du travail plus flexible et plus dynamique et l’ancrer dans une relation plus solide entre les parties prenantes que sont les travailleurs, les syndicats et les employeurs. Sur le marché du travail, la coopération est en effet devenue aussi importante que la concurrence, et de nouveaux modèles de dialogue social entre les travailleurs, les employeurs et les gouvernements sont en train d’émerger, pour apporter les conditions indispensables à la création d’emplois décents.

il est notoire que la diversité et l’inclusion aident les individus et les entreprises à réaliser davantage de choses et à aller plus loin.

 

la diminution du nombre d’emplois moyennement qualifiés conduit à la polarisation des marchés du travail. évolution de la part des emplois par niveau de qualification, de 1990 à 2015. Source : OECD Employment Outlook 2019

Les pays à hauts revenus qui dominent l’économie mondiale des connaissances doivent continuer à défendre les idées constructives et les partenariats transfrontaliers qui créent des opportunités et des revenus équitables pour tous. C’est en effet cela qui fera la différence, pas seulement dans les statistiques, mais aussi dans l’expérience humaine vécue au travail.

Il ne pourra y avoir des emplois décents pour tous que si toutes les parties prenantes collaborent et recherchent le consensus. Environ 1,3 milliard d’individus sont aujourd’hui soit surqualifiés, soit sous-qualifiés pour les missions qu’ils exercent. Cette inadéquation des compétences est exacerbée pendant les récessions, lorsque les investissements dans les technologies augmentent, entraînant une automatisation accrue. L’arrivée de nouvelles technologies au cours des prochaines années ne fera qu’accroître la nécessité urgente d’assurer à tous un emploi décent.

des marchés du travail inclusifs

La participation des femmes au marché du travail mondial est en augmentation depuis des décennies, mais beaucoup reste encore à faire sur le terrain de l’égalité des sexes. En 2019, le taux de participation des femmes à la main-d’œuvre n’était que de 47 %, contre 74 % pour les hommes. D’après le Forum Économique Mondial, la participation des hommes et des femmes à la main-d’œuvre n’atteindra pas l’égalité avant l’an 2120. La discrimination entre les sexes se manifeste encore dans l’inégalité d’accès au travail et, même pour les personnes en emploi, dans l’inégalité des conditions de travail.

Les données montrent que l’écart ethnique est souvent aussi grand que l’écart entre les sexes. Ainsi, les immigrés de la seconde génération ont 10 % de chances en moins d’obtenir un emploi que leurs homologues non immigrés. Dans des pays tels que le Canada, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, les chiffres indiquent d’ailleurs que les minorités raciales historiques paient un tribu encore plus lourd que les immigrés de la seconde génération.

L’âge est aussi un facteur important. Il y a davantage d’individus de 15 à 24 ans dans l’éducation supérieure qu’il n’y en avait il y a trente ans. Autrement dit, les jeunes sont moins nombreux à travailler. Depuis 1994, certaines mesures ont fait diminuer leur participation au marché du travail de 15 %, le recul le plus marqué se situant dans les pays aux revenus moyens. Ces travailleurs ne vont intégrer la main-d’œuvre que plus tard, mais lorsqu’ils le feront, ils apporteront de meilleures compétences et pourront obtenir de meilleurs emplois.

populations vieillissantes. population des 65 ans et +. Source : division Populations de l’ONU

en 2018, pour la première fois dans l’histoire, il y avait dans le monde davantage de personnes de 65 ans et plus qu’il n’y avait d’enfants de moins de cinq ans.

Pratiquement tous les pays ont connu au cours des soixante dernières années une augmentation de la part de personnes âgées dans leur population totale. Ainsi, en 2018, pour la première fois dans l’histoire, il y avait dans le monde davantage de personnes de 65 ans et plus qu’il n’y avait d’enfants de moins de cinq ans. Le vieillissement de la population mondiale transforme les industries et impacte le développement économique.

Au cœur de cette évolution démographique, on trouve des pays dans lesquels 1 individu sur 5 a plus de 65 ans. L’ONU appelle ces pays les sociétés « super-âgées » et prévoit qu’en 2030 ces pays seront au nombre de 27. Les difficultés qu’implique le statut de société super-âgée apparaissent de plus en plus clairement, en particulier dans les pays développés.

Avec l’allongement de l’espérance de vie, les individus restent actifs jusqu’à un stade de leur vie plus avancé. Ils peuvent contribuer à la prospérité économique et sociale plus longtemps, mais ils vivent aussi plus longtemps avec des maladies invalidantes et des fragilités. Cette évolution a accru le besoin en professionnels de santé, l’Organisation Internationale du Travail indiquant à cet égard que cette tendance pourrait d’ici 2030 créer 475 millions d’emplois spécialisés dans 45 pays.

Si le besoin de professionnels de santé ne fait aucun doute, reste à savoir d’où viendront ces personnes. Des pays tels que la Corée du Sud et le Japon ont relevé le défi en investissant massivement dans les robots et dans d’autres solutions futuristes, mais jusqu’à présent, les résultats restent mitigés. L’automatisation n’est manifestement pas adaptée à toutes les tâches ni à tous les rôles. Lorsque l’automatisation ne convient pas, la mobilité du marché du travail apparaît comme une solution plus prometteuse.

mobilité des talents

En 2060, le monde comptera plus de 10 milliards d’habitants. Les individus vivant plus longtemps, les pays en développement se préparent à connaître des explosions démographiques, tandis que de nombreux pays à hauts revenus s’attendent à voir leur population stagner ou diminuer. Dans les pays dont la population est vieillissante, ce vieillissement crée un écart entre le nombre de personnes qui paient des impôts et le nombre de personnes qui doivent bénéficier d’une retraite et de soins de santé. Cette
dynamique incitera les gouvernements à chercher à atteindre un meilleur équilibre à travers leur politique migratoire.

Selon l’ONU, 272 millions d’individus travaillent actuellement hors de leur pays d’origine, soit 50 millions de plus qu’en 2010. La mobilité du marché du travail libère depuis toujours un énorme potentiel, tant pour les individus que pour les entreprises et la société en général, et l’on dénombre aujourd’hui dans le monde plus d’expatriés qu’il n’y en a jamais eu.

la mobilité des talents dans le monde augmente. part des talents nés à l’étranger dans l’ensemble de la population mondiale. Source : OECD.stats 

Malgré le besoin de compétences sectorielles des pays à hauts revenus, les migrants sont souvent désavantagés lorsqu’ils vont à l’étranger pour travailler. Dans pratiquement tous les marchés du travail des pays de l’OCDE, les diplômes étrangers sont dévalués, de sorte que les compétences et les qualifications des travailleurs étrangers peuvent ne pas être reconnues. Dans l’UE, le manque de formation linguistique n’est pas non plus sans effet sur les perspectives professionnelles des migrants. Surmonter les obstacles à l’intégration des étrangers aiderait à résoudre la pénurie de compétences dans les services de soins et autres services essentiels.

En dehors des pays à hauts revenus, la situation mondiale progresse rapidement également. Dans le secteur de l’industrie, un grand nombre d’emplois faiblement rémunérés et relativement peu qualifiés ont été délocalisés, au cours des dernières décennies, vers des pays comme l’Inde et la Chine. Conséquence d’un meilleur accès aux compétences et à l’éducation, l’afflux de travailleurs formés à l’université dans des pays en développement devrait augmenter dans les années 2020.

54 % des jeunes diplômés sont originaires de pays émergents.

Déjà 54 % des jeunes diplômés dans le monde sont issus de marchés émergents et cette proportion devrait atteindre 60 % d’ici 2030. Dans le passé, ces nouveaux entrants auraient été appelés à partir vers des pays à hauts revenus, pour y trouver des postes à la hauteur de leurs compétences. Mais avec l’émergence du télétravail, la possibilité leur est dorénavant donnée de rechercher des opportunités internationales, sans avoir à s’expatrier..

La relation entre la localisation géographique et les perspectives de carrière n’a jamais été aussi faible. Quoi qu’il en soit, créer une main-d’œuvre mondiale plus diverse et plus inclusive est une opportunité que nous ne pouvons pas nous permettre de manquer. Nous devons tous apporter notre contribution pour construire un marché du travail, une économie et une société dynamiques et durables. Il faut pour cela donner les moyens à tous les groupes sociaux de participer. Il faut lever les obstacles juridiques à l’emploi à chaque fois que cela est possible, s’approprier les nouveaux modes de travail et chercher activement à favoriser un équilibre à la fois sain et productif entre vie professionnelle et vie privée.

Au cours des 60 dernières années, le monde du travail a radicalement changé. L’étude Flexibility@Work 2021 propose une analyse des grandes transformations du travail pour mieux anticiper l’avenir.

L’édito de Frank Ribuot : S’adapter au changement pour embrasser l’avenir

Synthèse : Embrasser le changement

1ère partie : Redéfinir le travail

2e partie : les compétences à l’heure de l’automatisation

3e partie : un marché du travail durable (en cours de lecture)

Cliquez ici pour télécharger le rapport en entier (pdf).

communauté.

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