
06 Avr 2017
Quel DRH ne rêverait pas de pouvoir prendre, rapidement et simplement, le pouls des salariés de son entreprise ? C’est en tout ce à quoi s’attache la start-up Supermood. La jeune pousse propose de sonder régulièrement les salariés afin d’améliorer leurs conditions de travail et donc leur productivité.
Créée il y a plus d’un an par Kevin Bourgeois et Robin Nicollet, Supermood compte 35 clients, parmi lesquels des PME et de grands groupes, comme Axa, Total ou la Société Générale.
Sa raison d’être ? Sonder les salariés de leurs clients sur leurs conditions de travail. Ce système a pour objectif d’aider les RH à connaître les besoins précis de leurs employés.
À l’origine de cette idée novatrice, l’expérience vécue par les deux cofondateurs dans de grands groupes aux États-Unis et à Hong Kong notamment.
« Nous avons tous les deux senti qu’il y avait un problème de feedback entre les managers et nous, explique Kevin Bourgeois. Les boîtes étaient super, mais nous sommes partis, car nous manquions de responsabilité et de vision dans ces groupes ».
« Un marché à notre portée »
Un autre facteur va décider les deux entrepreneurs à se lancer dans l’aventure Supermood. Ensemble, ils fondent d’abord une start-up dans l’éducation, puis une autre spécialisée dans les questionnaires (Sentimy).
« On ne changeait pas la face du monde et on voulait faire quelque chose qui comptait plus, explique Kévin. On a simplement regardé comment nos clients utilisaient les questionnaires que nous fournissions et on a réalisé qu’ils sondaient leurs salariés. Preuve qu’il y avait donc un marché à notre portée ».
La start-up se lance d’ailleurs au moment où les salariés sont de plus en plus nombreux à considérer le bonheur au travail comme une revendication légitime. Concrètement, la jeune société fournit une plateforme d’engagement à destination des collaborateurs à travers trois applications.
La plus simple d’usage, Superscore, permet à travers une question unique régulièrement posée aux salariés de voir l’évolution du « mood » dans l’entreprise. La question est toujours la même et se réfère aux Net Promoter Score de la SNCF ou d’Expedia : « Recommanderiez-vous votre entreprise à vos proches ? »
En 20 secondes
La deuxième application, Supermood, consiste à interroger fréquemment les collaborateurs pour qu’ils s’expriment. Le format classique comprend trois questions par semaine et le format baromètre cinq questions par mois.
« Cela fonctionne très bien, car les réponses se font très rapidement, en 20 secondes et sont anonymes, précise le fondateur. Les salariés peuvent donc réellement dire ce qu’ils pensent et ce dont ils ont besoin ».
Le client peut élaborer ses propres questions, ou piocher dans le panel, élaboré par Supermood avec des psychologues du travail. « Certaines questions peuvent même être très décalées : ‘Mon manager n’a pas de chouchou’ ou ‘Si votre entreprise était un animal, quel serait-il ?' » assure-t-il. Le client peut aussi choisir de cibler un groupe ou tous les salariés.
Selon Supermood, le taux d’engagement est fort si l’entreprise partage régulièrement les résultats et les prend en compte. « Tout le monde aime donner son avis, cela devient un rituel et crée une culture du feedback dans l’entreprise », affirme Kevin Bourgeois.
Débloquer des situations en amont
Enfin, la start-up propose une troisième application, Superlike, destinée à créer davantage de liens entre collègues. En fin de semaine, chaque salarié peut envoyer un like à son collaborateur de manière anonyme ou non et sans aucun contrôle des RH. L’idée étant de valoriser le travail de chacun. « L’application nous permet d’effectuer des analyses pour voir quelles équipes likent quelles équipes et voir s’il existe des silos dans l’entreprise », explique le fondateur.
Du côté des entreprises, l’utilisation des applications Supermood engendre des changements réels dans la stratégie RH. « Sur le moyen terme, nos applications soulagent les RH d’une quantité de petites tâches et leur permettent de débloquer en amont des situations ».
Désormais, Supermood vise l’international avec une prochaine incursion sur le marché britannique. Sur le plan technique, la start-up souhaiterait donner davantage d’intelligence à ses produits afin de pouvoir assurer une évaluation plus globale des RH. De quoi donner du travail aux deux fondateurs et à leurs cinq collaborateurs à temps complet !