21 Mai 2020


L’épidémie du Covid 19 plonge le monde entier dans une période troublée. Les entreprises en première ligne ont dû trouver des moyens pour maintenir au mieux l’activité. Mais quel sera l’impact de cette crise sur l’emploi ? A quoi ressemblera le travail de demain ? Et comment les entreprises devront-elles se transformer ? Alexis Jacquemin, HR development Manager chez Hutchinson, évoque ses réflexions sur l’avenir du travail.
La crise que nous traversons actuellement aura-t-elle des conséquences sur le futur du travail, selon vous ?
Dans l’histoire, il a fallu des crises importantes pour instituer de nouveaux modes de fonctionnement comme le crack bancaire de 2008 pour passer à la semaine de quatre jours ou la crise de 1929 pour mettre en place la semaine de 5 jours au lieu de 6. Il ne fait pas de doutes que la crise de 2020 occasionnera des changements non négligeables dans le domaine du travail.
Quel sera l’impact de la crise actuelle sur les différentes formes de travail et les différents types de contrats ?
La crise actuelle creuse encore un peu plus les inégalités entre les personnes en CDI bénéficiant d’une forme de protection et les autres, indépendants ou freelance. Les gens risquent de se détourner massivement de l’ubérisation de la société, jusqu’à ce que le gouvernement offre une meilleure sécurisation de cette forme d’emplois. En parallèle des pouvoirs publics, l’entreprise, elle-même, aura un rôle important à jouer pour soutenir les salariés, pour faciliter l’insertion et l’égalité des chances et rendre l’environnement du travail plus inclusif avec tout le monde.
Les entreprises ont massivement dû mettre leurs collaborateurs en télétravail pour assurer la continuité de l’activité. Pensez-vous que ce modèle pourrait être généralisé à l’avenir ?
Le télétravail sera plus utilisé car les entreprises se sont équipées pour mettre en place le dispositif et parce que les gens y ont pris goût avec une redécouverte d’une forme de liberté oubliée dans le quotidien jusqu’ici. Mais, par nature, l’humain a besoin d’habitudes, de lien social et de ses routines. Le rôle de l’entreprise va être important pour restaurer le lien social et compenser le manque de contacts pendant la quarantaine. Les gens vont se rendre compte que sur leur lieu de travail, ils trouvent des éléments importants à leur équilibre.
La crise actuelle pourrait-elle modifier le rôle du manager, qui se trouve en première ligne dans la gestion à distance des équipes pendant le confinement ?
Le rôle des managers est très compliqué durant cette période, car tenir ses équipes à distance est bien plus ardu qu’en physique. Au moment de la reprise, nul doute que des managers qui n’ont pas assez d’expérience terrain et qui ont été malmenés par ce confinement auront besoin de suivre des formations ou d’être accompagnés par un tuteur ou un mentor au quotidien.
Pendant la crise, les réunions se font à distance et sont plus courtes et cadrées. Selon vous, cette situation aura-t-elle un impact sur les réunions en présentiel lors de la reprise ?
Je ne pense pas, car les réunions à distance ne sont pas forcément plus efficaces. Il y a des messages que certains collaborateurs ont des difficultés à faire passer à distance et il existe des freins et des barrières invisibles qui n’existent en réunion physique.
Avec le COVID-19, le confinement et la distanciation sociale pourraient bien transformer profondément et durablement la manière dont nous travaillons au quotidien. Afin de commencer à dessiner ce nouvel avenir du travail, le laboratoire de réflexion re.sources interroge des experts qui nous livrent leur première analyse et propose des contenus pour préparer cette « nouvelle normalité ». Consulter le dossier.