12 Nov 2021


Télétravail, flex office, tiers-lieux, ou encore co-working, les modes de travail sont en pleine évolution, et le bureau doit évoluer avec eux… Au point de disparaître ? L’avis de Victor Carreau, CEO de Comet Meetings.
Les bureaux classiques deviennent-ils obsolètes ?
Entre les congés payés, les déplacements professionnels et les arrêts maladie, les bureaux ont toujours été très mal occupés. Ils le sont au maximum 60 % du temps, et c’est bien antérieur à la pandémie et aux opportunités de télétravail. Je suis convaincu que demain, on ira au bureau seulement pour des moments de réunion ou pour profiter d’espaces de sociabilisation. Si on y va uniquement pour s’installer derrière un poste de travail et y passer sa journée, c’est qu’on l’a mal organisée.
Ce nouveau mode de fonctionnement présentera-t-il des inconvénients ?
Le principal risque concerne la culture d’entreprise. Beaucoup de choses peuvent se faire en asynchrone, ou en synchrone à distance, mais si vous avez une équipe A et une équipe B et qu’elles ne se croisent jamais, deux cultures vont émerger. Il faut donc les réunir, pour recréer un sentiment d’appartenance global, pour leur rappeler qu’elles travaillent dans une entreprise donnée, qu’elles ne sont pas en freelance ou mercenaires. Il faut aussi accroître les échanges entre les services, par exemple si le département finance télétravaille le lundi et le mardi et le marketing le jeudi et le vendredi. Pour autant, le flex office n’est pas la seule option. Ces moments d’échanges et de rencontres ne vont pas forcément se faire dans les bureaux, mais aussi et de plus en plus dans des tiers-lieux à louer ponctuellement à la journée, car ils offrent une nouvelle flexibilité aux entreprises.
L’avenir du bureau serait donc « sans bureau » ?
Ce sera sûrement un mode de fonctionnement hybride. Je pense que plus l’entreprise décidera de réduire sa surface de bureau, plus elle devra organiser régulièrement des événements pour fédérer ses collaborateurs. Historiquement, cela se faisait environ deux fois par an, mais une équipe qui n’aurait demain plus du tout de bureau devrait pouvoir vivre un moment commun toutes les deux semaines environ.
De quel type de moments s’agit-il ?
On peut en imaginer différents types : des dîners réguliers, des réunions en ville dans des lieux inspirants qui proposent un haut niveau de service, et une fois de temps en temps, deux jours à la campagne ou à l’étranger. En fait, il y aura deux types de fonctionnements : l’organisation hybride « riche », qui gardera la même surface et où les équipes viendront quand elles veulent. Et l’organisation hybride « classique », instaurée par souci d’économie immobilière, où tout l’enjeu sera de gérer intelligemment ces problèmes de culture. Le premier cas sera très rare, à l’exception de quelques grands groupes comme les GAFAM.
L’organisation hybride avec réunions dans des lieux tiers est-elle applicable partout ?
Tout dépend de l’entreprise, des personnalités, des métiers. Certaines fonctions, avec beaucoup de production, ne souffrent pas du travail à distance alors que d’autres, très créatives et extraverties, ont besoin d’échanger pour faire évoluer la réflexion et doivent donc se retrouver plus souvent. C’est aussi plus compliqué à mettre en place dans les entreprises où la culture managériale tourne autour du contrôle et pas de la confiance.